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dimanche 23 novembre 2008

Le quartier de la Défense bientôt moitié prix ?

Par MYRIAM CHAUVOT

La banque d'affaires en faillite Lehman Brothers a entraîné dans sa chute la plus grande tour de bureaux d'Europe. Unibail, qui l'avait vendue à Lehman l'an dernier, pourrait la lui racheter à moitié prix selon une rumeur.Dans le quartier d'affaires de la Défense, la tour géante Coeur Défense incarnait les années fastes de l'immobilier de bureau. Elle symbolise aujourd'hui sa débâcle. Son propriétaire, la société Heart of la Défense (HOLD), a annoncé hier avoir été placé sous « procédure de sauvegarde » par le tribunal de commerce de Paris, afin d'être protégé de ses créanciers. HOLD appartient à la banque d'affaires américaine en faillite Lehman Brothers, qui l'a finalement entraîné dans sa chute. La banque avait en effet financé HOLD, puis s'était débarrassé de sa créance en la titrisant. Sa faillite a mis HOLD aux mains de nouveaux créanciers qui n'ont plus la garantie de Lehman et exigent donc de HOLD de nouveaux termes sur sa dette.Avec 355.000 m2, correspondant à 2 tours de 160 mètres de haut reliées par des bâtiments plus bas, Coeur Défense constitue l'immeuble ayant la plus grande surface utilisable en Europe derrière le palais du Parlement à Bucarest. La foncière Unibail-Rodamco, qui avait commandé ce complexe gigantesque et qui l'a inauguré en 2001, l'a cédé pour 2,1 milliards d'euros en mars 2007 à Lehman Brothers. Aux abois, HOLD pourrait le revendre à Unibail pour... 1,2 milliard d'euros, a assuré mi-octobre le magazine « Challenges ». Un montant qui rejoint les estimations de Coeur Défense faites en septembre par Samuel Henry-Diesbach, analyste chez Landsbanki Kepler, qui situait sa valeur entre 1,1 et 1,3 milliard d'euros.Vente démentieHOLD a démenti toute vente le 23 octobre puis à nouveau hier. « Nous confirmons notre intention à ce jour de ne pas céder Coeur Défense », a protesté hier la société dans son communiqué. De fait, nombre de professionnels de l'immobilier prient pour que la transaction ne se fasse pas. Car elle déstabiliserait tout le secteur, en remettant en cause les valeurs de l'immobilier de bureau. Jusqu'à présent, l'effondrement du nombre des transactions (- 60 % sur les neuf premiers mois de l'année en Ile-de-France) a évité au secteur d'enregistrer des baisses de prix significatives. Le marché est gelé. Mais les foncières redoutent la suite. Les experts indépendants qui valorisent deux fois par an leurs portefeuilles immobiliers ne manqueraient pas d'invoquer une transaction aussi emblématique que Coeur Défense pour réviser fortement à la baisse la valeur des actifs.Cette vente pourrait donner le signal de la curée. Avec toutes ses conséquences bancaires. Car les financements accordés aux foncières sont fonction de la valeur de leur portefeuille d'actifs. Si la valeur baisse, soit elles doivent payer des pénalités aux banques soit, au-delà d'un certain ratio financier, les emprunts deviennent exigibles, entraînant une crise de liquidité. Déjà, pour éviter l'exigibilité d'une partie de ses financements, Klépierre a annoncé une augmentation de capital malgré des marchés financiers détestables. Finalement, le meilleur espoir des professionnels reste la pénurie de financements, qui pourrait faire caler la vente de Coeur Défense sur un marché français de l'immobilier de bureau où aucune transaction de plus de 230 millions d'euros n'a eu lieu en 2008.

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